Résumé :
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Avis au lecteur : "On n'est jamais grosse sans être un peu une héroïne". La poitrine formidable, les hanches proportionnelles, l'imposante Charonne qui énonce cette implacable vérité répond mieux qu'aucune autre à cette définition. Déesse matricielle et intransigeante que rebutent la médiocrité et la laideur, la jeune femme n'a pas été épargnée par la fatalité. Maltraitée, utilisée puis rejetée, Charonne résiste, plus fort même : elle porte à bout de bras ceux qui croisent son chemin. Sous une plume impétueuse et inventive, le personnage qu'invente Emmanuelle Bayamack-Tam existe au-delà de ses origines indéfinies et son incroyable vitalité emporte l'adhésion. L'humour incisif et revanchard, secondé par une langue sonore et imagée, réserve les meilleurs moments du livre. C'est le cas de cette scène hilarante d'anniversaire raté ou de cette rencontre improbable entre une anorexique désespérée et une obèse décomplexée devant... une tarte à la crème. Mais, en suivant ses aventures abracadabrantes, le récit se perd au détour des trop nombreuses pistes qu'il esquisse. En vrac, sont abordés la mutilation sexuelle, l'homoparentalité, le transsexualisme, l'ésotérisme ou le port du voile. La subversion s'annule par l'absurde, et l'humour noir ne parvient pas même à justifier une succession d'épisodes malsains et sans liens. C'est d'autant plus décevant que les qualités de plume de l'auteur et la farouche Charonne aurait largement mérité un cadre à leurs flamboyantes mesures.
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