Résumé :
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C'est parti, nous voilà en coulisses. 'Lunar Park' démarre sur des airs d'aveux autobiographiques dans lequel l'écrivain revient sur sa carrière, ses excès et ses faux pas jusqu'à son (inévitable ?) entrée dans les rangs, lorsqu'il débarque avec armes et bagages dans une grosse baraque avec chien, mariage et enfants en prime. Dans le rôle du père qu'il n'a jamais connu et qu'il n'a jamais été ? Toujours est-il qu'on se fait vite à cette histoire de bilan et de mea culpa. Et plus vite encore, l'ambiance change, les lumières clignotent dans les couloirs, une Mercedes 450 SL crème rôde dans le voisinage. Le conte de fées tourne au vinaigre. Hum, hum... soyons honnêtes : Bret Easton Ellis n'a pas la classe de Stephen King pour nous faire entrer dans une maison hantée, pas le chic de Pagnol pour nous faire aimer son père, ni le chien de Houellebecq pour chouiner sur sa misérable existence. Mais dieu qu'il raconte bien ! Sa recette à lui, name dropping à outrance (un peu moins que d'habitude cette fois), discours rapporté, pensées et narrations mélangées indistinctement dans une prose au rythme endiablé qui ne respecte aucune norme, ne serait-ce grammaticale, lui a valu un succès quasi immédiat. Il montre donc une fois de plus qui est le chef et nous gratifie d'un roman à dévorer en faisant des "ahah" amusés, des "ohoh" outrés, des "ihih" de complicité. Tout ça parce qu'il ne cherche pas à rester coûte que coûte dans le costume étriqué du jeune prodige d''American Psycho'. Le Bret de 'Lunar Park' a pris un coup de vieux. Sans prendre une ride. Il a mûri, vise plus loin. Et même si tout se termine comme un plat qui aurait accroché, avec un léger arrière-goût de roussi, on se serait bien resservi.
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