Résumé :
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le dixième album des Formidables aventures de Lapinot ; (Slaloms, originellement sorti à l’Association, porte le numéro zéro tandis que L’Accélérateur atomique, sorti l’an passé, porte le numéro neuf…vous suivez ?). Et très probablement le dernier.Ce chant du cygne de la désormais cultissime série de Trondheim synthétise à la fois le meilleur et le pire du travail de ce dernier.Chaque album de la série, on le sait, tourne majoritairement autour d’un sujet précis (permettant de développer les grands thèmes qui traversent toute la série : l’amour, la mort, le destin, les questionnements existentiels...) : la superstition dans Pichenettes, l’arbitraire du concept de justice dans Amour et intérim, le terrorisme écologique dans La couleur de l’enfer, etc. etc. Dans cet album, il s’agit de la menace permanente de l’irruption du danger et de la mort. Le problème vient du fait que Trondheim se prend au piège de cette idée directrice qui finit très vite par occuper (presque) toute la place. Ainsi, La vie comme elle vient souffre du syndrome de l’album à thème, à la limite du didactisme. Du coup, chaque situation, chaque rebondissement apparaît trop artificiel car clairement convoqué pour illustrer une idée. Et, malheureusement, quand Trondheim prend le temps de laisser son récit respirer, c’est trop souvent pour y placer des considérations au lourd parfum de prêchi-prêcha à peine sauvées par les hilarantes réflexions de Richard. Et pourtant…Et pourtant, La vie comme elle vient est un album proprement déchirant. Parce qu’au-delà de ces maladresses, l’album transpire d’humanité en évitant tout pathos, parce que, de-ci de-là, entre les ressorts un peu trop usés de la narration, pointent des petites touches d’une justesse foudroyante, parce que la chute est poignante et magnifique, parce que l’album au final remue les entrailles, fait battre le cœur un peu plus vite.
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