Résumé :
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L'une des choses qui m'a le plus frappé lors de ma visite au musée du Prado à Madrid, il y a bien des années, est la toile de Goya représentant un groupe de jeunes filles dans un parc en train de lancer et de rattraper dans un grand drap qu'elles tiennent toutes ensemble, riant aux éclats, un pantin désarticulé vêtu à la manière des gandins élégants de l'époque. Or son visage, qu'on aperçoit par-dessus son épaule, au plus haut de la pirouette, et qui affiche un sourire dont l'expression se partage entre la satisfaction conquérante et le ravissement un peu niais, laisse aussi pointer une lueur d'inquiétude. Cette image, qui évoque manifestement l'éternel rapport de force entre les sexes, me semble soulever en même temps, avec une ironie mordante, la question de savoir qui, au bout du compte, de l'éphémère vanité masculine à l'éternel féminin, mène le jeu. D. G.
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