Résumé :
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Dans un immeuble de Phnom Penh résident 13 prostituées de moins de 20 ans. En filmant leurs conversations au plus près, sans pathos ni voyeurisme, Rithy Panh nous plonge au plus profond de la détresse humaine, celle de ces jeunes femmes détruites, devenues de véritables parias de la société cambodgienne actuelle, qui compte 30 000 prostituées dont un tiers de moins de 17 ans. Rithy Panh continue ici d'explorer les blessures d'un peuple mutilé par le génocide perpétré par les Khmers rouge il y a trente ans, et tente de lutter contre l'amnésie dont souffre son pays. Le signe évident de la fêlure sociale dans un pays qui a subi des décennies de guerre, c'est la façon dont on exploite économiquement et politiquement le corps des plus démunis : les pères soldats morts à la guerre laisseront des enfants ouvriers sous-payés, ou pire, prostitués. Vies violées, destins ravagés, corps devenus des objets de transaction […] Filmer des personnes et non des personnages. Filmer la vie et y trouver la dramaturgie qui en fait une histoire et un film. Je ne veux pas filmer ces jeunes comme des corps-objets, je voudrais qu'elles soient porteuses du film. Qu'elles expriment la revendication d'une humanité. Une voix, un visage, un nom. La parole ici se lève contre la négation de l'humain. La parole pour remplir le vide dévastateur au fond de soi-même, et recoller des souvenirs détruits, donner vie à un temps suspendu. La parole ne sert pas à témoigner, mais aussi à panser les plaies. […] R Panh
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