Résumé :
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Pour les lecteurs qui tâtonnent entre tous les ouvrages de Chomsky qu’on publie en français depuis cinq ans, c’est le livre à lire. Il réduit à néant le propos, plus ignorant que malveillant, de ceux qui imputent à Chomsky une « théorie du complot ». Car le « modèle de propagande » de Chomsky et Herman n’est ni immuable ni monolithique, le champ des médias dominants pouvant s’accommoder de divergences marginales. Au demeurant, les auteurs, même s’ils infligent un sort particulier au New York Times, s’appuient sur une documentation impressionnante pour fonder leur analyse croisée de cas souvent anciens : Timor et le Cambodge, les élections au Salvador et au Nicaragua, l’assassinat du prêtre Jerzy Popielusko et celui de l’archevêque Oscar Romero. Leur recherche établit que les élections semblent toujours plus honnêtes et les meurtres moins intéressants quand ils se produisent dans un pays ami des Etats-Unis... même si la fraude y est en réalité plus massive et le nombre des victimes plus important. Est-ce à cause d’un « irrésistible besoin de penser du bien de l’Amérique et de nous-mêmes » ? Ou parce que « la plupart des préjugés médiatiques ont pour cause la présélection d’un personnel bien-pensant qui intériorise des idées préconçues et s’adapte aux contraintes exercées par les propriétaires, le marché et le pouvoir politique » ? L’un n’empêche pas l’autre.
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