Résumé :
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La critique [evene] par Céline ManginUne durite rend l'âme... et c'est une rude réalité congolaise qui explose à nos yeux, dénuée de tout ornement ou emphase. Celle-ci se dresse, se dévoile à nous : fissure d'un système, exemple de l'évolution d'une civilisation. La richesse pragmatique est évidente, appréciable car innocemment noyée dans le cours d'un instantané de vie : un Français narrant les aléas rencontrés chemin faisant, assorti d'une encombrante et problématique Audi originaire de région parisienne vouée à devenir un taxi à Kinshasa. Le lecteur, hormis quelques moments où l’égarement rêveur le menace, se laisse bien volontiers embarquer à bord du San Rocco, le véhicule dans ses cales, afin de suivre ce cheminement surprenant et captivant. Bercé par la houle mais également les souvenirs d'un Joseph Conrad en virée au ‘coeur des ténèbres’ congolais, obsédé par le soupçon d'espionnage planant comme un couperet, Jean Rolin nous fait voyager dans son univers, aux rythmes de ses pensées et de ses clins d'oeil à l'Histoire...C'est ainsi qu'au-delà de ces péripéties, les combats de l’APDL congolais jonchent le récit, le suspendant pour permettre à l’horreur de se frayer un chemin, de s’engouffrer dans une brèche : inévitablement, lorsque le combat pour l’indépendance africaine est évoqué. Un narrateur au coeur de l’histoire, alimentant celle-ci, et pourtant étrangement distant, détaché, tel un conteur en voix off faisant abstraction d’une subjectivité souvent critiquée mais pourtant si attachante et lourde de sens et d'émotivité… Une perfection presque trop irréprochable, finalement.
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